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La vie dans les bordels en Haïti: prostituées et clients expliquent

Les gens fréquentent régulièrement les bordels en Haïti, mais en cachette. Ce, du fait que cela reste toujours une activité anormale pour ceux qui ne les fréquentent pas. L’agence de presse en ligne Image7 a fixé ses projecteurs sur ce secteur et vous en dit davantage.

Le résultat d’une petite enquête menée dans deux villes limitrophes, Arcahaie et Cabaret, nous montre que les jeunes garçons, à partir de 15 ans, fréquentent très souvent les bordels pour trouver une fille pour leurs relations sexuelles. Sous couvert d’anonymat, des certains d’entre eux ont réagi, laissant croire que dans ces espaces, c’est un autre niveau de plaisir par rapport au fait que ces femmes sont beaucoup plus à l’aise dans leur activité sexuelle.

« Avèk 150 goud, w ap fè yon ke. Men si pou w bo oubyen woule tete w ap peye yon kòb apa pou sa », a confié un pratiquant. À l’entrée de « Tikiba », un bordel situé à Luly, commune de l’Arcahaie, on trouve des femmes de café qui nous ont confiés des stratégies pour soutirer de l’argent. Johanne, pour les intimes, femme noire, cheveux crépus, bondée de tatouage sur sa poitrine, nous explique: « Mwen menm pou m fè kòb sou mesye yo lè yo vini la, mwen pwopoze yo plizyè pòz. Pami yo pan kabann, manch bourèt, dodin, … Sa koz anpil nèg lè yo vin la yo toujou tcheke m ».

L’expérience dans les bordels intéressent même les hommes mariés. Certains rencontrés sur les lieux n’ont pas hésité à nous expliquer ce qui leur amène dans ces endroits. « Mwen p ap ba w manti, mwen se yon nèg ki marye depi 5 an, men nivo plezi mwen jwenn la mwen pa jwenn li nan men madanm mwen ki se moun legliz », a confié l’un d’entre eux, de teint noir. « Se yon zanmi m ki te mennen m la yon fwa epi m tou abitye. Men mwen pa moun Akayè non, mwen sòti Sen Mak paske m pa vle moun wè m », a-t-il poursuivi.

« Kay Bout » est un bordel de référence qui se trouve dans la commune de Cabaret. Nous y avons rencontré une jeune fille de 18 ans avec une forme corporelle attractive. Elle nous a confiés que l’activité sexuelle est sa première source de revenu. Consciente de sa fragilité, elle a fait savoir que cela l’a permis de survivre. « Mwen konn rantre 5 000 goud nan 2 jou », a-t-elle lâché. La questionnant pour savoir quel moyen a-t-elle utilisé, elle nous a livrés la vérité sans langue de bois: « Pafwa gen nèg ki konn vin dèyè m pou m ba li 2 jou an plen. Lè sa li peye 2 500 goud pa jou epi mwen fè tout bagay pou li nèt ». En dépit des livraisons à domicile, je pourrais collecter 3 500 à 4 000 gourdes par semaine, poursuit-elle, soulignant que cela arrive « lè kafe frekante. Men si l pa frekante anpil li konn pi ba ».

La vie dans les bordels semble être une activité très rentable mais pleine de risques, selon le propriétaire d’un autre café. « Nous avons pas la capacité de vérifier l’identité des personnes. Les agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH) ont souvent mené des opérations ici pour rechercher des bandits », a-t-il dit. « Tandans lan, sèke anpil bandi toujou renmen vin kache nan kafe yo », avance-t-il.

En raison de la mentalité des Haïtiens, les usagers des bordels ne veulent pas trop s’exprimer dans ce dossier. Cependant, le constat montre que ces espaces sont très fréquentées par plusieurs catégories de personnes pour chercher un autre niveau de plaisir sexuel à un prix parfois dérisoire ou exorbitant. Notons que la prostitution est un acte illégal en Haïti. À date, aucune loi dans la Législation haïtienne n’a encore réglèmenté ce secteur.

P.F. / Image7

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