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Alerte Haïti : L’ONU lance une offensive contre les gangs et alliés pour rétablir la paix

Le Groupe d’experts créé par la résolution 2653 (2022) du Conseil de sécurité a récemment adressé une lettre au Président du Conseil de sécurité, dévoilant une situation alarmante en Haïti. Dans cette lettre datée du 15 septembre 2023, le groupe fait part de son rapport final, soumis en application du paragraphe 21 c) de la résolution.

Le rapport, qui a été communiqué au Comité du Conseil de sécurité concernant Haïti le 18 août 2023, met en lumière une détérioration continue des conditions de sécurité dans le pays, principalement dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite. Cette détérioration se manifeste par une augmentation de la violence armée, des violations flagrantes des droits humains, et l’expansion du contrôle exercé par les gangs sur de nouveaux territoires.

La violence des gangs a désormais atteint l’ensemble de Port-au-Prince, où ils détiennent ou influencent 80 % de la zone métropolitaine. Les 20 % restants ne sont pas non plus à l’abri de leurs incursions. Cette situation chaotique est exacerbée par l’absence de représentants élus, de fortes divisions politiques, et la lenteur de la transition politique. Ces facteurs entravent la capacité des autorités à faire face aux crises sociales, économiques et sécuritaires qui affligent le pays.

L’économie haïtienne est toujours sous l’emprise d’un petit groupe de familles puissantes qui favorisent leurs intérêts commerciaux au détriment du bien-être général. Des membres des élites économiques et politiques détournent les ressources publiques, soutiennent les gangs et la violence pour servir leurs objectifs personnels, tout en sapant l’état de droit. Cette situation met en péril la paix, la sécurité et la stabilité d’Haïti.

La tenue des élections, pourtant cruciales, demeure incertaine, et des sanctions unilatérales visant certaines personnalités haïtiennes semblent contribuer à l’émancipation progressive des gangs. Cependant, la collusion entre les gangs et des membres de l’élite politique et économique persiste.

Le rapport met en évidence le renforcement de la coalition du G-Pèp et de ses alliés à Port-au-Prince, qui ont diversifié leurs sources de revenus, notamment grâce aux enlèvements contre rançon. Les niveaux de violence et de cruauté atteignent des sommets, et les gangs ciblent régulièrement la population de manière indiscriminée, entravant même l’aide humanitaire. Les violences sexuelles et basées sur le genre sont devenues courantes, exacerbant encore la crise.

Face à l’impunité généralisée, le mouvement de justice populaire Bwa Kale a vu le jour en avril 2023, étendant son influence à travers le pays. Ce mouvement est responsable de centaines d’exécutions brutales de présumés membres de gangs, contribuant à la montée de groupes d’autodéfense.

L’insécurité, le vide institutionnel et le manque de contrôles aux frontières profitent aux criminels, notamment aux trafiquants de drogue. La crise haïtienne a des répercussions sur la criminalité transnationale, alimentant la demande et la circulation d’armes à feu illicites dans la région.

Le rapport souligne enfin l’inefficacité de l’embargo sur les armes ciblé imposé par la résolution 2653 (2022) du Conseil de sécurité, appelant à son extension urgente. Les parties prenantes haïtiennes espèrent également un soutien solide de la communauté internationale en matière de sécurité pour endiguer la violence armée.

La situation en Haïti reste préoccupante, nécessitant des actions immédiates et concertées pour rétablir la paix et la stabilité dans le pays.

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