Libération d’Alfredo Antoine : un nouveau revers pour la justice haïtienne

L’ancien député de Kenscoff, Alfredo Antoine, interpellé le 4 avril 2025 pour des accusations graves allant de complicité d’assassinat à association de malfaiteurs, a été remis en liberté après une audition éclair au parquet de Port-au-Prince. Cette décision, en décalage flagrant avec la gravité des charges, soulève de vives inquiétudes sur l’état de la justice en Haïti.
L’arrestation d’Alfredo Antoine à Pétion-Ville avait pourtant provoqué une onde de choc dans l’opinion publique. Selon la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), l’ex-parlementaire a été appréhendé avec un arsenal impressionnant : deux fusils, un pistolet, plusieurs munitions, neuf téléphones portables, une tablette et un appareil de radiocommunication. Ce dispositif technologique, typique des réseaux criminels structurés, laissait présager un lien direct avec des opérations illégales. De plus, des éléments de l’enquête suggéraient des contacts réguliers avec des chefs de gangs impliqués dans des assassinats et des actes de terreur dans la région métropolitaine.
Pourtant, malgré la gravité apparente du dossier et la sensibilité du contexte sécuritaire du pays, la justice haïtienne a opté pour une remise en liberté rapide après sa simple audition. Aucun mandat de dépôt, aucune mesure de contrôle judiciaire, aucun suivi clair n’a été communiqué. Cette décision nourrit davantage la perception d’une impunité chronique pour les élites politiques, souvent soupçonnées d’entretenir des liens troubles avec les groupes armés qui déstabilisent le pays.
Une fois de plus, la justice haïtienne donne l’impression de plier face à l’influence politique. Dans un État rongé par l’insécurité, ce genre de manquement institutionnel alimente le sentiment d’abandon d’une population livrée à elle-même.