Littérature et Loisir

À l’ombre de la mondialisation, la poésie de Douglas ZAMOR arpente l’humanité

Par Iléus PAPILLON

Par Iléus PAPILLON

 

«L’amour apparait si profond dans le miroir (avec ses mains recroquevillées au genou de la mondialisation.)»

Ce n’est pas l’incipit d’un roman sur la mondialisation. Ce sont donc de préférence les deux premiers vers qui ouvrent Poème à l’ombre de la mondialisation, le dernier livre de Douglas ZAMOR. 

En mars 2020, alors que le monde se préparait à faire face à la COVID-19, le poète et chanteur, Douglas ZAMOR a publié Poème à l’ombre de la mondialisation aux éditions FLORAISON. Avec en première de couverture une illustration de la planète terre en détresse. Et des enfants visiblement désemparés tendent la main vers l’infini. Cette illustration est d’entrée de jeu une interpellation à l’être humain pour attirer son attention sur divers tragédies humaines. La guerre. La religion. Les épidémies. L’exploitation de l’homme par l’homme. La course à la nucléarisation. Cependant, la faim, considérée comme l’un des plus grands virus affectant quotidiennement des millions d’humains n’a pas toujours attiré l’attention des grands maîtres du monde. Déplore le barde.

Dans ce recueil, Dou’z, comme il aime se faire appeler, nous invite à comprendre que la poésie est capable d’interroger le fonctionnement du monde jusque dans les cellules les plus profondes.  La publication de Poème à l’ombre de la mondialisation est l’occasion pour Douglas de réinviter l’humanité humiliée par l’avidité du capitalisme. À travers ce poème, c’est une humanité fatiguée et épuisée que Douglas ZAMOR nous décrit. Ainsi, sa poésie arpente toute la planète et, par réciprocité, il y a tant de pays et de saisons qui habitent le recueil. 

«Le temps a cette fois-ci pour bien dire le gout de voyage

de crapule et de crête-de-coq

la soumission

formule abjecte des peuples

crucifié ou encore

mitigés/exposés au bord du Vésuve

Guadeloupe/ Martine/ La Guyane[…»

Douglas ZAMOR qui est actuellement étudiant-finissant en Sociologie, a appris à manipuler des notions des sciences humaines, se métamorphose désormais en créateur de sens et inventeur d’images pour dire au monde que le droit de l’homme est pris en otage par une collection de fous prête à briser le genre humain à la recherche du capital accéléré. Cinquante-sept (57) fois, le poète nous interpelle et envoie une mise en garde pour dire aux fossoyeurs: Attention!!! Le monde n’est pas une œuvre exposée à la vente aux enchères. Par cet ouvrage, Douglas ZAMOR se positionne en antiphase du système capitaliste inhumain. L’auteur dénonce l’exploitation de l’homme par l’homme. Et tous ces lieux cités dans cet extrait sont «Parangons grabataires de l’Atlantique /Gibiers d’autrui.» 

 

Des lieux, de revendications, de révolte, de volonté, d’espoir et d’attente traversent le poème et le poète! Douglas veut, avec des vers, inventer des soleils pour guider la marche du monde. C’est pourquoi la poésie de Douglas part à la conquête de tous ces sentiers: Caraïbes, Afrique, Asie, Europe, soi-même, l’autre, l’éternité, etc. Tous ces territoires revendiquent le poème comme chant, peut-être. C’est le poème des peuples opprimés et la voix d’une planète désaxée. Mais le poète n’oublie pas, dans cette cacophonie et cette avidité caractérisant le système capitaliste, il y a toujours d’autres bonnes raisons de vivre ou d’œuvrer pour le progrès afin que la vraie vie rêvée fleurisse pour les fils et filles de l’humanité. Il me semble que la poésie serait ce lieu de refuge qui permet à Douglas ZAMOR de signaler que «si l’éternité est un rêve  / crois-moi / elle est plus petite que ce poème.»

Poème à l’ombre de la mondialisation est à la fois un signal, une fête, une célébration, un cri, une grande manifestation autour des grands besoins de l’homme. Par ce livre, c’est un homme qui lance une alerte avant que le monde ne devienne un champ de ruine. 

Le natif de la Cité de Capois-La-Mort (Port-de-Paix) n’est pas sur sa première balle. Il a à son actif une panoplie impressionnante de titres: L’haleine des saisons pleines, J’ai bu l’aube par la source, Tchòk, Manman Penmba, Balendjo: revolisyon men goch… Il est à noter au passager que c’est un rêveur qui produit aisément dans les deux langues officielles d’Haïti : français et créole.

On se demande pourquoi les mots respirent par la bouche de ce petit monstre de la poésie universelle? Seul le poète peut sonder son propre secret.

Puis. Une petite note d’incohérence? Après tout, n’est-ce pas la posture même du poète? D’une part, le poète conjugue un «lendemain malheureux» (p.18), et, d’autre part, à la même la page, c’est un Douglas ZAMOR qui annonce que demain sera une «mer avec une robe de confession.» 

Mais jusque-là, si l’on croit qu’effectivement «l’homme est une barricade à la survie de l’homme», comme Dou’z l’écrit, après tout, Poème à l’ombre de la mondialisation reste pour l’heure, l’une des plus belles interrogations de l’existence humaine. 

 

Iléus PAPILLON

 

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